Leçons tirées du programme SCI-COVID Monde : Renforcer les capacités en médecine de famille face à une pandémie mondiale

Intervention mondiale face à la pandémie : Un message du CMFC et du Centre Besrour

Le Programme mondial de subventions pour contrer les impacts de la COVID 19 (SCI-COVID Monde) stimule les innovations en médecine de famille et en soins primaires dans les pays à faible ou à moyen revenu afin de réduire l’impact de la pandémie sur les communautés vulnérables, tout en orientant la planification et le déploiement de la médecine de famille à l’échelle mondiale. |
Chers et chères collègues, En 2020, le Centre Besrour pour la médecine familiale mondiale au Collège des médecins de famille du CanadaMD (CMFC), en partenariat avec la Fondation pour l’avancement de la médecine familiale (FAMF), a lancé le programme SCI-COVID Monde afin de stimuler les innovations en médecine de famille dans le monde. Deux projets de la phase I ont été choisis pour remédier à une crise des soins aux patients causée par le bouleversement des systèmes de santé et des services communautaires durant la pandémie. Les projets sélectionnés viennent en aide aux patients atteints de maladies chroniques dans des communautés vulnérables en Indonésie et en Afrique du Sud. Les résultats préliminaires indiquent que les deux projets permettent de renforcer les capacités, d’améliorer les soins aux patients et d’outiller les communautés grâce à des réseaux solides qui relient des équipes interdisciplinaires, les familles et la communauté au sens large. En mobilisant et en intégrant les ressources au sein de la clinique et à l’externe, ces projets soulignent la force du modèle du voisinage médical du patient, connu dans le monde entier sous le terme « soins primaires axés sur la communauté ». Les leçons tirées de deux milieux aussi différents que l’Indonésie et l’Afrique du Sud sont remarquables par leur similitude, non seulement entre elles, mais aussi avec ce que l’on a appris des 15 projets menés au Canada lors de la phase I de SCI-COVID. Mis en œuvre dans différents contextes, tous les projets SCI-COVID font progresser les innovations dans la pratique, renforcent la continuité des soins, améliorent l’équité et intègrent les systèmes de santé. Ils démontrent tous que les médecins de famille et la médecine de famille sont effectivement des agents de changement. Alors que nous entrons dans la troisième année de la pandémie et que le monde oscille entre la phase aiguë et la phase chronique de cette crise mondiale, nous sommes ravis de constater l’évolution des projets SCI-COVID Monde ainsi que les progrès d’innovations en médecine de famille que la phase II de SCI-COVID Monde (qui sera lancée en 2022) permettra de réaliser dans les pays à faible et à moyen revenu. Nous pensons qu’il est impératif de développer davantage les modèles d’équipes de médecine de famille pour combattre les effets de la pandémie, notamment sur la santé mentale. Nous vous invitons à découvrir toutes les leçons que recèle ce rapport et à envisager comment celles-ci s’appliquent à votre propre situation. Veuillez vous joindre à nous pour remercier la FAMF et la Fondation Docteur Sadok Besrour pour le financement qui rend possible le programme SCI-COVID Monde. Sincères salutations,
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SCI-COVID Monde : Un aperçu de l’impact
« La moitié de la population mondiale n’a pas accès aux soins primaires de base. Lorsque des maladies curables ne sont pas traitées, des patients, des familles et des communautés entières sont touchées. Les répercussions sont d’autant plus graves durant une crise sanitaire mondiale comme la pandémie de COVID 19. »
Dre Shannon Barkley, responsable technique des soins primaires, Organisation mondiale de la Santé Peu après la déclaration d’une pandémie mondiale par l’Organisation mondiale de la Santé en 2020, la FAMF et le Centre Besrour pour la médecine familiale mondiale ont reconnu qu’il fallait de toute urgence soutenir l’intervention de la médecine de famille face à la pandémie dans les communautés en péril partout dans le monde. En s’inspirant du programme canadien SCI-COVID, que la FAMF a mis en œuvre avec le généreux soutien de la Fondation AMC, le Centre Besrour a lancé SCI-COVID Monde. L’objectif est de stimuler les innovations en soins primaires et en médecine de famille afin de réduire l’impact de la COVID-19 sur les communautés vulnérables des pays à faible ou à moyen revenu et d’orienter la planification et le déploiement de la médecine de famille à l’échelle mondiale. Lors de la phase I de SCI-COVID Monde, deux projets ont chacun reçu un financement de 50 000 $ afin de s’attaquer à des défis liés à la prise en charge des maladies chroniques qui se sont aggravés dans la communauté en raison de la pandémie. ![]() ![]() « Les projets SCI-COVID Monde démontrent l’efficacité avec laquelle le modèle de voisinage médical des patients peut soutenir la continuité des soins dans les communautés où l’accès est entravé par le manque de ressources, les problèmes logistiques et les restrictions liées à la pandémie. Lorsque les systèmes de santé établis ne suffisent pas à satisfaire aux besoins des patients atteints de maladies chroniques, les réseaux communautaires sont des ressources puissantes pour renforcer les capacités et prodiguer les soins. »
Dr Brady Bouchard, président du CMFC, responsable du service de médecine de famille de la zone nord-ouest et responsable du site de la pandémie pour l’Autorité de santé de la Saskatchewan.
Les innovations de Dr Ichsan et de Dr von Pressentin en matière de soins communautaires réduisent l’impact de la COVID 19 en stimulant le changement dans leurs communautés et en renforçant le rôle central de la médecine de famille complète et globale et des soins primaires dans l’intervention mondiale face à la pandémie. |
Renforcement des soins communautaires en Indonésie
![]() « Les membres de la famille et les leaders communautaires ont des relations de confiance bien établies avec les patients. En leur offrant de la formation et la possibilité d’être partenaires dans la prestation des soins aux patients, nous pouvons améliorer la prise en charge des maladies chroniques. Ce processus d’autonomisation change aussi la perspective des gens face à la santé, au bien être et à la médecine familiale. »
Dr Ichsan, chef de projet, médecin de famille, Hôpital et centre de santé publique Prince Nayef, USK, Banda Aceh ; et chercheur, Université Syiah Kuala L’accès aux soins primaires dans les régions rurales pose des difficultés constantes qui ont été amplifiées par la pandémie de COVID-19 et la disponibilité inéquitable des vaccins. L’état de santé des patients atteints d’une maladie chronique s’aggrave tant en raison de la COVID-19 que de l’accès réduit aux soins. Grâce au financement du programme SCI-COVID Monde, Dr Ichsan et ses collègues de l’Université Syiah Kuala ont mis sur pied le Programme d’autonomisation par des cellules de santé familiale. Cette initiative vise à établir des ponts entre les médecins de famille et les patients atteints de maladies chroniques qui vivent dans les régions éloignées de la province d’Aceh en Indonésie. Ce programme répond aux besoins urgents qui découlent de la pandémie et fournit des solutions pratiques à long terme dans le but de renforcer l’accès aux soins primaires pour les patients de milieux à revenu faible ou moyen. Les coordonnateurs et coordonnatrices de cellules, principalement des femmes, sont formés par des médecins de famille pour soutenir la santé publique dans leur communauté. Ils travaillent avec les membres de la famille et les forment afin qu’ils suivent les symptômes du patient et agissent en tant qu’intermédiaire entre le patient et ses fournisseurs de soins habituels pour assurer une meilleure prise en charge de la maladie. Le recours au système public « E Health » et les consultations téléphoniques permettent d’accroître l’accès aux soins et de renforcer les liens entre l’équipe soignante et les patients qui vivent loin de la clinique. Dans un pays où le système de santé publique n’a pas accordé une grande attention aux patients atteints de maladies chroniques, le programme parvient à améliorer la prise en charge de la maladie et à réduire la propagation de la COVID-19 ainsi que le risque qu’elle pose pour la communauté. Lorsque le programme sera déployé à grande échelle en 2023, il viendra en aide à 540 familles de la province d’Aceh aux prises avec la tuberculose, l’hypertension ou le diabète. Les travaux de Dr Ichsan ont également mené à la création d’un programme de résidence en médecine de famille à l’Université Syiah Kuala dans la province d’Aceh, lequel permettra d’accroître les capacités en soins primaires dans cette région. ![]() |
Médecine de famille, maladies chroniques et COVID-19 : Renforcement de la prise en charge du diabète en Afrique du Sud
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Retombées du projet
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Outils utilisés dans le cadre du projet
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Équipe de projet

Dr Klaus von Pressentin, chef de projet, professeur agrégé, Université du Cap
Au début de la pandémie de COVID 19, l’autorité sanitaire Metro Health Services (MHS) du gouvernement du Cap-Occidental a lancé un programme novateur de santé communautaire dans le but d’atténuer l’impact des maladies chroniques et de la COVID 19 dans les quartiers à faible revenu du Cap.
Le programme repose sur un réseau de 2 500 travailleurs et travailleuses de la santé en milieu communautaire et permet d’appuyer les ménages touchés par la maladie chronique dans quatre communautés à risque. Le personnel de santé communautaire livre des médicaments préemballés, sensibilise la population à la maladie et à la pandémie, et effectue des tests de dépistage de la COVID 19 au sein des foyers. Ce personnel communique aussi avec les patients lorsque des conseils et du soutien en matière de santé sont requis.
Parce qu’ils reconnaissaient le potentiel du programme à améliorer la santé des patients, Dr Klaus von Pressentin et ses collègues de l’Université du Cap et de l’Université de Stellenbosch ont étudié les retombées du programme en collaboration avec MHS. Leurs travaux étaient axés sur les patients atteints de diabète de type 2, lesquels constituent un segment important de la population d’Afrique du Sud qui est particulièrement exposé à de sombres pronostics en cas d’infection par la COVID-19.
L’équipe de recherche a recueilli les commentaires de 269 patients atteints de diabète de type 2 afin d’évaluer les résultats du programme dans son ensemble. Elle s’est renseignée auprès des patients sur le mode d’administration des médicaments, sur leur capacité à prendre eux mêmes en charge le diabète en observant leur posologie et en modifiant leur mode de vie, sur la façon dont le dépistage de la COVID 19 et la sensibilisation à ce sujet ont permis de réduire leurs risques de contracter le virus, et sur l’impact du recours à la technologie lors des consultations.
Les données et autres contributions font actuellement l’objet d’une analyse visant à évaluer l’impact du programme sur le soutien aux patients dans la prise en charge de leur maladie. L’analyse servira aussi à déterminer le potentiel du programme à optimiser les soins primaires en vue d’améliorer les résultats cliniques au sein des communautés à faible revenu.
En peu de temps, ce projet novateur a permis de fournir des soins primaires dans des régions jusque-là mal desservies. Les patients sont jumelés à une équipe de travailleurs et travailleuses de la santé et à des cliniques, qui leur fournissent les outils pour prendre en charge eux-mêmes leur maladie. Avec un partenaire tel que MSH, l’évaluation accroît la possibilité de déployer rapidement le projet à l’échelle du Cap, puis de le reproduire dans d’autres régions de l’Afrique du Sud ou à l’étranger. Alors que le monde songe à l’avenir après la pandémie, les leçons apprises peuvent éclairer la planification des mesures d’urgence pour les prochaines crises de santé publique.
Phase II de SCI-COVID Monde
Marie Dominique Beaulieu, CQ, MD, CMFC, MSc, FCMF, présidente du Comité directeur de la SCI-COVID, professeure émérite, Département de médecine de famille et de médecine d’urgence, Faculté de médecine, Université de Montréal
Pour l’avenir, le Centre Besrour et ses partenaires sont résolus à travailler avec la communauté mondiale en médecine de famille afin de continuer à stimuler le changement grâce à des innovations qui préparent les médecins de famille et les équipes interprofessionnelles à faire face aux difficultés émergentes liées à la pandémie et à ses effets à long terme.
Le Centre Besrour est fier de lancer, en 2022, la phase II du projet SCI-COVID Monde. Nous mettrons l’accent sur les aspects essentiels de la phase chronique de la pandémie dans les pays à faible et à moyen revenu :
- S’attaquer aux obstacles dans les communautés mal desservies : Dans bien des régions du monde, les faibles taux de vaccination et les ressources limitées demeurent des obstacles concrets au processus de rétablissement local et mondial de la pandémie de COVID 19. Des initiatives doivent être mises en œuvre pour aborder ces obstacles, améliorer l’équité en matière de santé et renforcer les capacités.
- Soutenir la santé mentale : Les nouveaux variants et les restrictions supplémentaires aggravent l’impact de la pandémie au delà de la santé physique. L’instabilité causée par l’insécurité financière, le chômage, l’absence de liens sociaux et la difficulté d’accéder aux services de santé fait des ravages sur la santé mentale. Il est très urgent de répondre aux besoins en la matière et de garantir la prestation de ces services en temps voulu.
- Soutenir les équipes interdisciplinaires de soins primaires : En tant que premier point d’accès aux services de santé, les médecins de famille et les équipes de soins primaires occupent une position unique et contribuent de façon essentielle à répondre aux besoins de santé de la population. Il est crucial de mener des projets qui mettent en place un réseau de soins efficace.
Nous prévoyons de lancer les projets SCI-COVID Monde de la phase II en 2022. Consultez le site Web du Centre Besrour pour obtenir plus d’information.
Dre Janet Hatcher Roberts, co-directrice, Centre collaborateur de l’OMS pour la transmission des connaissances, Évaluation de la technologie pour l’équité en santé, Institut de recherche Bruyère, Université d’Ottawa ; professeure associée, École d’épidémiologie et de santé publique, Université d’Ottawa ; professeure associée, Département de médecine communautaire et d’épidémiologie, Centre pour la santé mondiale, Université Dalhousie